« Le Partenariat oriental plus important que jamais »

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Déclaration de politique générale au Bundestag « Le Partenariat oriental plus important que jamais »

La chancelière fédérale a mis en lumière le caractère capital du partenariat de l'UE avec les États d'Europe orientale. L'idée de ce partenariat est plus importante que jamais, y compris en raison des agissements de la Russie. Elle a souligné que le « Partenariat oriental n'est dirigé contre personne ». Angela Merkel a affirmé que les pays du G7 formaient une « communauté de valeurs ».

Temps de lecture: 8 min.

La chancelière fédérale Angela Merkel à la tribune du Bundestag

« Le bon voisinage signifie proposer à nos partenaires un rapprochement politique et économique », selon Angela Merkel

Photo : Bundesregierung/Loos

Au début de sa déclaration de politique générale, la chancelière fédérale Angela Merkel a mis en relief le fait que le sommet du Partenariat oriental à Riga jeudi et vendredi avait lieu sous des auspices radicalement différents du dernier sommet de novembre 2013.

Mme Merkel a qualifié « l'annexion de la Crimée par la Russie, contraire au droit international » de « déstabilisation massive de l'Est de l'Ukraine » et de remise en question de l'ordre de paix européen sur le long terme.

« Pour le dire clairement d'emblée : c'est notamment dans ce contexte que l'idée du Partenariat oriental est plus importante que jamais », a insisté Mme Merkel.

Objectif : prospérité accrue des pays partenaires

À travers le Partenariat oriental, l'Allemagne continue de soutenir les États voisins d'Europe orientale sur leur cheminement vers des sociétés démocratiques et d'état de droit. Un bon voisinage signifie d'une part « proposer à nos partenaires un rapprochement politique et une intégration économique ». Cela doit renforcer la primauté du droit et mener à davantage d'emplois et à davantage de prospérité dans les pays partenaires. « Nous voulons aider à améliorer le quotidien des populations. »
D'autre part, le bon voisinage est aussi synonyme de reconnaissance de valeurs et de principes communs tels que la démocratie, l'économie libérale, les droits de l'homme et une bonne gouvernance. Angela Merkel a assuré qu'il lui tenait à cœur de souligner une nouvelle fois cette exigence lors du sommet de Riga.

Des impulsions considérables grâce aux accords d'association

Mme Merkel a fait référence aux avancées concrètes depuis la rencontre qui avait eu lieu fin 2013. Les accords d'association entre l'UE et l'Ukraine, la Géorgie et le Moldova permettent une ouverture mutuelle des marchés, malgré de longs délais de transition. Par ces accords, la démocratie et l'état de droit sont renforcés, les droits de l'homme mieux protégés, les normes techniques et les usages administratifs harmonisés. Un rapprochement vers les normes de l'UE est ainsi ancré dans les accords.

« Les accords d'association donnent des impulsions considérables pour le processus de réforme de la politique intérieure dans tous les pays partenaires », a déclaré Mme Merkel. Et cela représente de nouveau une condition à des investissements accrus pour la modernisation de l'économie et, bien sûr, pour une croissance économique plus forte. « Notre objectif demeure la mise en œuvre intégrale des accords d'association », a ajouté la chancelière.

Lignes directrices du Partenariat oriental

Mme Merkel a indiqué que l'attitude de l'Allemagne vis-à-vis du Partenariat oriental reposait sur trois principes.

Premièrement, « le Partenariat oriental n'est pas un outil de politique d'élargissement de l'UE », a-t-elle affirmé. Il ne faut pas éveiller d'espoirs qui ne pourront être satisfaits par la suite.

Deuxièmement, les six États partenaires sont très différents et ont des perspectives et des attentes différentes. C'est pourquoi il faut qu'il y ait des offres définies au cas par cas pour les pays partenaires. L'Allemagne respecte cependant la position de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, qui consiste à renoncer à un accord d'association. Elle est de même prête à intensifier la coopération vis-à-vis du Bélarus, en dépit de divergences notoires, en particulier dans le domaine des droits de l'homme.

Troisièmement, « le Partenariat oriental n'est dirigé contre personne, et notamment pas contre la Russie », a martelé la chancelière. Il ne s'agit pas « d'un choix à faire entre, d'un côté, un rapprochement avec l'UE et, d'un autre côté, le souhait de la Russie d'engager un partenariat plus étroit avec ces pays ».

Mme Merkel a également évoqué la situation en Ukraine. « Nous ne pouvons tolérer dans l'Europe du XXIe siècle un mode de pensée qui s'articule autour de zones d'influence, et cela demeure valable aussi pour la situation en Ukraine. » Le rétablissement du droit dans ce pays malmené nécessitera encore un travail de longue haleine. « Nous avons cette patience et cette persévérance. L'ensemble de mesures décidé à Minsk nous indique la bonne voie », selon la chancelière fédérale.

G7 : prendre la responsabilité de l'avenir

La chancelière a ensuite, dans sa déclaration, établi un lien avec les pays du G7 qui se réuniront les 7 et 8 juin à Elmau, en Bavière. « Nous entendons le G7 comme une communauté de valeurs », a-t-elle déclaré. Ce n'est que si les pays du G7 s'engagent pour la liberté, la démocratie, l'état de droit et le respect du droit international qu'ils pourront également assurer leurs responsabilités internationales.

La présidence allemande tombe dans une année au cours de laquelle des décisions capitales pour la coopération internationale doivent être prises à l'échelle mondiale. Cela concerne les objectifs de développement durable au-delà de 2015, le financement du développement et l'accord sur le climat qui doit être conclu à la fin de l'année à Paris. « À cet égard, nous voulons émettre des signaux forts de crédibilité et de soutien », a souligné Mme Merkel.

Les défis mondiaux qui se posent à long terme constituent la priorité du G7. Ainsi, les États du G7 entendent par exemple améliorer la promotion des femmes. Une participation active des femmes à la vie économique dans le monde entier réduit la pauvreté et les inégalités et favorise la croissance, renforçant ainsi la cohésion sociale. Dans ce contexte, la qualification professionnelle des femmes et des filles, en particulier dans les pays en développement, est déterminante.

Améliorer les systèmes de santé

Le renforcement des systèmes de santé est un autre point au programme du G7. « L'épidémie d'Ebola a été un signal d'alarme pour nous tous », a affirmé la chancelière fédérale, évoquant également une initiative visant à améliorer la gestion des crises. Avec le président de la République ghanéenne John Mahama et la première ministre norvégienne Erna Solberg, Mme Merkel avait déposé auprès des Nations Unies des propositions en vue d'une meilleure gestion des crises au niveau mondial dans le domaine de la santé.

Lors du sommet d'Elmau, il sera aussi question de l'utilisation des antibiotiques. L'Organisation mondiale de la Santé souhaite, par le biais d'un plan d'action, s'assurer que les médicaments vitaux que sont les antibiotiques préservent leur efficacité. Le gouvernement fédéral a adopté, début mai, une stratégie en matière de résistance aux antibiotiques.

Renforcer le libre-échange

Le commerce mondial doit aussi être renforcé. C'est ainsi que peuvent être stimulés la reprise de l'économie mondiale, la croissance durable et l'emploi, a souligné la chancelière fédérale. L'UE souhaite avancer rapidement sur la voie de la conclusion des accords commerciaux avec le Japon et le Canada, tous deux partenaires du G7.

L'objectif commun en ce qui concerne l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis demeure de « finaliser le cadre politique d'ici la fin 2015 », a affirmé Angela Merkel.

Conditions de travail décentes dans le monde entier

Une expansion du libre-échange doit aussi s'accompagner d'une meilleure application des normes sociales et écologiques, en particulier en ce qui concerne les chaînes d'approvisionnement internationales. « Notre objectif est de parvenir à des conditions de travail décentes dans le monde entier », a affirmé Mme Merkel. « C'est pourquoi nous nous battons en faveur de la sécurité et de la prévention au travail. »

Mme Merkel a rappelé l'effondrement d'une usine textile qui s'était produit il y a deux ans au Bangladesh. Plus de 1 100 personnes avaient perdu la vie lors de cette catastrophe. « Je m'emploie à ce que les victimes et leurs familles soient enfin complètement indemnisées », a déclaré la chancelière.

Penser à demain, agir ensemble

Ont également été invités à la rencontre du G7 à Elmau des dirigeants d'organisations internationales, comme le secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-moon, mais aussi de nombreux chefs d'État et de gouvernement de pays africains, tels que la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf.

Agir ensemble signifie aussi agir avec des partenaires internationaux, a affirmé Mme Merkel. Le dialogue avec les États africains est primordial, selon elle. Afin de trouver des réponses durables aux défis mondiaux urgents de notre époque, il faut travailler en étroite collaboration avec toutes les régions du monde, a-t-elle insisté.

Sommet UE-Amérique latine

Quelques jours après le sommet du G7, la chancelière se rendra à Bruxelles. Le sommet réunissant les États membres de l'UE et les 33 États d'Amérique latine et des Caraïbes vise à donner de nouvelles impulsions à la coopération politique et économique.

Angela Merkel a rappelé que l'Amérique latine était un partenaire important pour l'Europe, tant en ce qui concerne la promotion du développement durable qu'en matière de protection du climat et de lutte contre le terrorisme international. L'Europe et l'Amérique latine gagent aussi en importance l'un pour l'autre d'un point de vue économique. L'UE est le deuxième partenaire commercial de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Des réponses communes aux défis

« À l'ère de la mondialisation et de l'accélération des transformations au niveau planétaire, nous ne pouvons subsister que si nous trouvons des réponses communes aux défis communs », a déclaré Mme Merkel en conclusion de son discours, ajoutant qu'elle s'engagerait dans ce sens « dans le cadre du partenariat avec nos voisins de l'Est, de la présidence allemande du G7 et de la coopération entre l'Europe, l'Amérique latine et les Caraïbes ».

Le Partenariat oriental comprend, d'une part, l'Union européenne et ses États membres et, de l'autre, l'Ukraine, la Géorgie, la République de Moldova, l'Azerbaïdjan, l'Arménie et le Bélarus. Le sommet de deux jours se tenant à Riga, en Lettonie, se termine le vendredi 22 mai 2015. Le Partenariat oriental est un projet de l'UE s'inscrivant dans la politique européenne de voisinage. Il a été mis en route lors du Conseil européen de décembre 2008. Le sommet de lancement a eu lieu le 7 mai 2009 à Prague.